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chanson française - Page 24

  • HK ne lâche rien

    Plus engagé que jamais, HK chante dans Eldorado sa vision du bonheur et d’un certain idéal de vie : fuir la vanité ("Je veux la fuir comme la peste") et l’argent ("Je ne veux pas perdre mon âme / Pour quelques pièces quelques diamants") pour préférer la découverte de l’autre, l’amour et "les richesses du monde" : "De cœur, d’esprit et de corps / Je ne revendique aucun empire / Moi je ne veux qu’aimer encore / Aussi longtemps que je respire."

    Toujours fidèle à l’esprit qui animait le Ministère des affaires populaires, HK propose un titre folk cabrélien, acoustique, généreux et humaniste. Eldorado est le premier single de son album Petite Terre. On ne lâche rien et on découvre ce chanteur infiniment attachant.

    HK, Eldorado, 2020
    HK, Petite Terre, Épicerie des Poètes, 2020
    https://www.facebook.com/hksaltimbanks
    https://openagenda.com/hk-pres-de-chez-vous

    Voir aussi : "Voyages intimes de Thomas Cousin"

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  • Gainsbourg par...

    Monsieur Gainsbourg revisited est un album sorti en 2006 regroupant des reprises en anglais de certains succès de Serge Gainsbourg. Réédité cette année, notamment dans une très belle version vinyle, il est grand temps de le découvrir – voire de le redécouvrir.

    Notons tout de suite que la plupart des adaptations sont l’œuvre de Boris Bergman et Paul Ives. Quelques semaines après une chronique sur les versions jazzy de standards du patrimoine musical par Thomas Dutronc, place cette fois à un autre monument du patrimoine musical : Serge Gainsbourg. Cette fois, ce n’est pas un "Frenchy" qui s’y colle, mais de solides pointures de la scène pop-rock française et internationale, donnant à ces joyaux gainsbouriens une facture assez incroyable. Ce sont de vraies revisites, choisissant parfois de contre-pieds sur lesquels l’Homme à la tête de chou n’aurait certainement pas mégoté !

    Le moins que l’on puisse dire c’est que l’auditeur risque d’être surpris, au point de ne pas reconnaître les morceaux originaux, que ce soit le rock aride Sorry Angel (A Song For Sorry Angel) par Franz Ferdinand, le Je suis venu te dire que je m’en vais (I Just Came To Tell You That I’m Going) par Jarvis Cocker et Kid Loco dans une version pop aux teintes reggae, ou encore Au Revoir Emmanuelle (Goodbye Emmanuelle) devenu un titre trip-hop de Tricky.

    Trip hop encore avec Portishead qui reprend une chanson méconnue de Gainsbourg, Un jour comme un autre, devenu un Requiem for Anna, morceau sombre et rugueux qui précède une version du Requiem pour un con (Requiem For A Jerk) réadapté par le trio formé de Fautline, Brian Molko et Françoise Hardy, une des rares artistes françaises de cet album de reprises. Puisque nous parlons de Brian Molko et de son groupe Placebo, il faut aussi citer leur reprise électro-pop de La Ballade de Melody Nelson (The Ballad of Melody Nelson), mais aussi Boy Toy(I'm The Boy) de Marc Almond et Trash Palace, dans une facture que l’on pourrait appeler "placéboienne".

    Le grand classique de Gainsbourg, Le Poinçonneur des Lilas, titre intraduisible pour le public anglais, devient Just a Man With A Job. Il est proposé par The Rakes qui revisite en rock de A à Z ce classique de la chanson française.

    Contre-pieds sur lesquels l’Homme à la tête de chou n’aurait certainement pas mégoté !

    Disons-le ici : une forme d’insolence baigne dans l’album Monsieur Gainsbourg Revisited, insolence que n’aurait pas renié Gainsbarre, même si la grammaire du chanteur français est bien là. Ainsi, l’essence sensuelle et sexuelle de Je t’aime Moi non plus est respectée pour la version de Cat Power et Karen Eson (I Love You Me Either). Le Boomerang 2005, une adaptation de Boomerang par Gonzales, invite à sa table Feist et surtout Dani, l’interprète originale de Boomerang. Quant à Slogan, le groupe The Kills a choisi de le jouer dans une version aux accents sixties (I Call It Art).

    Marianne Faithfull et Sly and Robbie adoptent, tout comme l’original, le reggae (mais aussi la pop) pour leur Lola Rastaqueuere (Lola R. For Ever). On saluera au passage la manière dont a été pensée la traduction anglaise : "Her cylop’s eye in the middle of your head / An Oedipus complex dug deep in the sea / And when all’s been done, and nothing’s been said / You leave the joint, and roll to sleep."

    L’auditeur pourra aussi découvrir plusieurs curiosités : une version déjantée et punk rock des Sucettes par Keith Flint (The Lollies) ainsi qu’une adaptation mêlant pop, électro et negro-spiritual pour Sorry Angel (décidément, ce titre inspire !), cette fois par Nina Persson et Nathan Larson (Angel's Fall). Quant à Ces petits riens, ils deviennent sous la bouche de Carla Bruni un titre folk où affleure la sensibilité proverbiale de la chanteuse (Those Little Things). Un titre méconnu de Gainsbourg, L’Hôtel particulier, ressort enfin grâce à Michael Stipe, qui propose de découvrir ou redécouvrir ce titre pop mélodique et mélancolique sobrement intitulé L’Hôtel.

    Monsieur Gainsbourg Revisited est une divine surprise, qui ne convaincra sans doute pas tous les inconditionnels de l’Homme à la tête de chou, mais qui prouve en tout cas l’influence du chanteur français sur la pop internationale. Pour quelqu’un qui disait ne pas rêver de passer à la postérité et qui s’avère l’un des musiciens français les plus reconnus hors des frontières, voilà qui est ironique.

    Monsieur Gainsbourg Revisited, Barclay / Universal, 2020
    http://www.gainsbourg.org
    https://www.gainsbourg.net

    Voir aussi :"Gainsbourg, un enfant de la chance"
    "Thomas Dutronc, c'est si bon"

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  • Sans prétention, le vrai sens du spectacle

    Ils s’appellent Alexis, Cyril, Fabrice, Nicolas, Valentin et Yohann. Ils sont primeur, carreleur, "agriculteur rockeur", ingénieur dans un bureau d’étude (un gars faussement sérieux mais un vrai "allumé"), VRP ("commercial winner" et toujours "de bonne humeur") et garagiste.

    Ils se présentent dès l’introduction comme "six jolis garçons", "rois de la chanson", mais "sans prétention." Sans Prétention est d’ailleurs le nom de ce groupe originaire de la Sarthe et de la Mayenne. Leur titre éponyme, en attendant un premier EP, fait déjà le buzz sur Youtube, avec près de 50 000 vues depuis le 1er mai.

    Titre enlevé et festif, hymne à la fête et à l’amitié, chanson ancrée dans le terroir campagnard : pas de doute, l’auditeur trouvera derrière ces six musiciens amateurs mais doués d'un réel sens du spectacle l’influence des Trois Cafés Gourmands.

    Il n’y a rien de révolutionnaire dans cette chanson qui est un hymne à la bonne humeur, à la musique et à l’amitié, devant un ou deux verres, bien entendu. "Sans prétention / On est les rois de la chanson" chantent les six camarades dans la grange qui leur sert de salle de concert : ce qui est certain c’est que le groupe a tout pour devenir aussi populaire que leurs camarades corréziens de Trois Cafés Gourmands, sans prétention.

    Sans Prétention, Sans prétention, Bio Label 2020 & Tms Productions, 2020
    https://www.facebook.com/Sans-Pretention

    Voir aussi : "Chant de confinement"

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  • Laurie Darmon enfourche le tigre

    Laurie Darmon fait partie de ce ces artistes que l’on suit avec passion. Elle revient en ce début d’année avec un nouvel album, Femme studio, dans la continuité de son précédent EP, Dévêtue. Un enregistrement studio, donc, tout en féminité aussi.

    Disons aussi que Femme Studio est l’album d’une femme affranchie de toute question et qui s’avance audacieuse dans un album dansant, sexy et plein de vie.

    Après le formidable opus qu’avait été Février 91, maîtrisé de bout en bout, Laurie Darmon avait entrepris un virage plein de promesse avec le bien nommé Dévêtue, dont voici la continuité.

    Femme studio est bien plus qu’un autoportrait décliné en 15 titres ; c’est aussi un opus déroulant tous les états amoureux d’une jeune femme qui ne sent pas l’âme d’une sirène ("J’aurais bien trop mal aux oreilles") et qui n’a surtout pas envie de faire semblant ni "de sourire à [des] blagues de merde" (Flemme).

    Dans le titre qui donne son nom à l’opus, la chanteuse propose une singulière chanson autobiographique en donnant la parole à un jeune homme, "un puceau meurtri", qui aime secrètement son "double Laurie." Le problème de cet homme ? La timidité qui l’empêche de montrer le tigre qui est en lui : "Je regarde ses fesses / Bouger c’est beau / Oui mais je caresse juste le piano / L’emmener chez moi / Un soir / En faire ma superstar / Lâcher les clés / Les porter / La porter /L’embrasser," puis "arracher ses vêtements / L’embrasser violemment." "Femme studio" contre "homme studio," donc, dans un titre percutant et déroutant. L’une des belles réussites de l’album.

    C’est dans l'univers amoureux que baigne Femme studio : désirs, fantasmes, séductions, étreintes, dans le quel le flow de Laurie Darmon sert la puissance libératrice d’une femme assoiffée d’amour : "Ce soir j’ai pas sommeil / J’ai pas envie de dormir / Je voudrais que tu te réveilles / Qu’on s’encanaille au Brésil" (Tellement faim).

    Arrêtons nous deux secondes sur Laisse-moi t’aimer, qui n’est pas une reprise du sirupeux tube des années 70 mais un titre enlevé sur un rythme de samba : la fête célébrée dans cette chanson annonce une nuit interminable corps contre corps. Encore plus explicite, On Bai., déjà présent dans Dévêtue, invite au lâcher-prise total, avec tout ce qu’il faut pour se faire tourner la tête tout au bout de la nuit : "On danse danse danse danse / On se met bien bien bien / On se laisse aller comme ça / Je me laisse aller avec toi toi toi / On bouge on bouffe on boit on bai."

    Avec Extase, "extase tout court avec un E majuscule," dit la musicienne, on est plus dans un rock aussi âpre qu’une nuit blanche, de nouveau, durant laquelle tout ou presque est permis. "Il y a des corps qui me rassurent / Je vois des formes et je devine quelques parties / Et de la confiture / Non non non." Dans ce titre fiévreux comme l’amour, on reconnaît le flow que l’on avait découvert dans La rupture, le premier succès de la chanteuse.

    Le Serge Gainsbourg, auteur du mythique Love On The Beat, apprécierait

    L'artiste se fait également slameuse avec Que tu te déhanches devant moi, qui est une danse sensuelle, sur fond de séduction saphique  : "Mes mains ne quittent plus sa taille et je la vois qui s’encanaille et me renvoient l’image d’une demoiselle en cage."

    Bien plus torride et osé, Rengaine SM est, comme son nom l’indique, un titre très explicite parlant d’une pratique amoureuse traité avec un incroyable mélange de sensibilité, d’audace et de lyrisme. Le Serge Gainsbourg, auteur du mythique Love On The Beat, apprécierait.

    Mais l’amour a aussi son lot de désillusions, à l’exemple de Reste, un autre titre qui était présent sur le précédent EP : "Alors reste reste / Mais vas-y reste reste / Ça sert à rien de se barrer de se quitter / Viens on la traverse ensemble cette averse." Derrière l’insouciante jeune femme éprise de liberté, il y a aussi la recherche – douloureuse – du grand amour, évident : "Bah ouais je t’aime… C’est pas une honte, putain de merde… sinon on va finir par le regretter mon cœur." Oui, c’est bien d’âme sœur dont il est aussi question, avec ce message lancé par la chanteuse libre mais amoureuse : "Et si tu changes d’avis, surtout préviens-moi."

    Les Îles grecques, également présent sur Dévêtue, traite d’une histoire sentimentale et amoureuse, que nous dirions compliquée, mais aussi d’une rupture... "J’avais envie que tu restes auprès de moi / Là-bas y a trop de filles trop de mecs trop de trucs / Et ce je ne sais quoi."

    Mais trois titres retiendront particulièrement notre attention : d’abord, le formidable Stéphane et Stéphanie, chanson au flow irrésistible et d’un naturalisme désarmant sur "un couple noctambule" : "Tu m’as laissée toute seule / Et maintenant c’est moi qui reste / Là sur le bord de ta gueule / T’as pas débarrassé les miettes / J’avais pas l’habitude avant / J’étais la fille qui sait déjà / Que chaque soir à l’appartement / Même si c’est tard tu seras là."

    Dans un album d’une sensualité exacerbée, Mon amant brille par sa lumineuse simplicité. Car là où Laurie Darmon traitait de l’amour avec audace et de provocation, elle choisit ici de parler d’inimité, d’interrogations sur le désir, de peurs, d’ennui, d’absences insupportables, d’attentes et de fragilité : "La saison est orageuse mais je ne suis pas couverte," chante-elle par exemple.

    L’album se termine enfin avec Maître Corbeau, une série de déclinaisons sur la célèbre fable de La Fontaine : l’auditeur réécoutera avec malice ce vrai exercice de style, qui est aussi une curiosité – mais toujours avec l’esprit made in Laurie Darmon.

    Laurie Darmon, Femme studio, WM FR Affiliated/Play Two, 2020
    https://www.facebook.com/lauriedarmonoff

    Voir aussi : "Laurie Darmon à nu"
    "Vingt-sept ans à la limite"

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  • Davy Kilembe, en colère mais surtout amoureux

    L’amour et la colère : voici les propositions tonitruantes de Davy Kilembe dans un nouvel album finalement bien plus intimiste et délicat qu’il n’y paraît au premier abord.

    Alors, oui : cet artiste à,la carrière déjà bien remplie (en trio il y a vingt ans, avant d’entamer une carrière dans le jazz puis dans des premières parties pour Francis Cabrel, Tété, Arthur H, Cali, Sanseverino ou Tryo, sans oublier des récompenses – Prix du Centre de la chanson, Talent France Bleu, Prix Charles Trenet, Prix du Public de Trois Baudets"Vive la reprise") aborde des sujets contemporains et engagés : la migration et les doubles racines (Souleumane), ou le terrorisme religieux nourri par la confusion et la perte d'identité (L'homme qui portait la bombe). Pour autant, ce qui marquera très certainement l’auditeur ce sont la tendresse, la bienveillance et l'amour présents aux quatre coins de ces Chansons d'amour et de colère. La vie, l’humanité et la passion affleurent sans cesse, quand elles ne dévalent pas à gros bouillon de cet opus attachant : "Les sourires que je vois de vous / la confiance que je vous voue / Entre nous surtout pas de sexe / Pour les bisous ce sera la joue" dans cette très originaire histoire de rupture (Voudriez vous devenir mon ex).

    Ces chansons d'amour sont celles d'un artiste dont on devine aisément le cœur de guimauve (Je suis son prisonnier, Voudriez vous devenir mon ex), et dans lesquelles il se livre avec pudeur, quand ce n’est pas avec autodérision (Timide, Les bonnes résolutions, Mes ennuis).

    Car l’humour est bien présent dans un album qui s'annonçait comme un opus oscillant entre coups de sang et coups de cœur, ceux d’un grand ado un peu perdu (Mes ennuis) et volontiers nostalgique (La 4L à Momo).

    Musicalement, Davy Kilembe fait le choix d'une chanson française puisant dans la world (Je suis son prisonnier), le reggae (Timide), la folk (Unique dans l'univers, Voudriez vous devenir mon ex), le rock (Les bonnes résolutions), ou le jazz et le brass band (le grinçant Yapadam).

    On s’arrêtera particulièrement sur le duo réussi avec Cécile Hercule, racontant l’histoire d’un couple qui s'accroche en dépit de tout (Ça tiendra) , mais aussi sur Unique dans l'univers, qui est un hommage singulier à Ferdinand Cheval le créateur du célèbre Palais de Hauterive.

    Davy Kilembe, Chansons d'amour et de colère, La Pagaie, 2019
    http://kilembe.net
    https://www.facebook.com/davy.kilembe.7

    Voir aussi : "Cécile Hercule pour avoir Bonne Conscience"

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  • Valentin Vander en goguette

    Ne cherchez pas chez Valentin Vander une audace proche de l'effronterie. Bousculer la chanson française ? Très peu pour cet ancien des Goguettes (en trio mais à quatre).

    Dans son deuxième album, Mon Étrangère, à l'instar d'un Marc Fichel, Valentin Vander propose des titres à la facture classique (La femme de ma vie), à l'écriture délicate (L'hirondelle) et croquant des saynètes douces amères (Sur la pointe du cœur, La femme de ma vie) ou de récits personnels, à l’instar d’Il se peut : "Il se peut que je meure de bonne humeur... / Il se peut que j'expire dans un fou rire / La fin du monde est là / Alors viens dans mes bras faut fêter ça."

    Avec charme, élégance et d’une fausse légèreté, Valentin Vander raconte les amours qui se dérobent (La femme de ma vie : "La femme de ma vie vient de passer devant moi / je ne lui ai pas dit / on ne dérange pas les gens pour ça"), ses fantasmes (Elle passe), la vitesse et les chaos de notre époque (Poussez-vous j'arrive) mais aussi la vieillesse (Les vieux qui passent).

    Fausse légèreté

    Dans le plus pur style de la chanson française, Valentin Vander ne s'empêche pas de faire des écarts du côté d'une pop eighties (Elle passe). Le titre Mon étrangère est le plus ambitieux de l’album, grâce à un singulier lyrisme pour une chanson d'amour improbable, qui est aussi un hommage à une femme si étrangère à l'auteur : "Moi je fuyais l'habitude / Les désirs comblés / Toi tu redoutais l'incertitude / De mon cœur troublé." Une love story sans lendemain ? Voire : "Voila mon amour / Mon étranger / Ce qui nous a pris / Nos cœurs malgré tout se mélangèrent / Sans s'être compris."

    Un souffle léger porte cet album souriant, au classicisme certain (la reprise de reprise de Verlaine Il pleure sur mon cœur), parfois suranné (le duo L'hirondelle) et non sans noirceur, à l’exemple de Poussez-vous, j’arrive : "Poussez vous j’arrive / Malgré les barrières les mines agressives / Tout ce que votre ennui me fera faire ou dire / Il faudra que je vienne si je ne veux pas mourir / Il faudra que je vienne puisqu’il faut que je vive."

    Valentin Vander, Mon Étrangère, Hé Ouais Mec Productions, 2020
    https://www.valentinvander.com
    https://www.facebook.com/vandervalentin

    Voir aussi : "Marc Fichel connaît ses classiques"

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  • House music

    Elle&Lui c’est surtout elle, et elle, c’est Lana. Après deux premiers singles, Nuit Chaude et Mon Bain, elle revient avec Fleur de sel. Un titre acidulé à souhait qui fait du bien en cette période morose.

    Épicurienne, Elle&Lui propose avec un plaisir communicatif de chanter les joies simples, l’amour et la sensualité, dans une pop nineties : "Comme un désir / Soufflé des nuages/ dans le dos."

    L’internaute pourra trouver Lana dans un clip fait maison, tourné et monté sur portable. À l’écoute et au visionnage de son dernier titre, il reste un petit goût à la fois savoureux et revivifiant. Celui d’une fleur de sel bien sûr.

    Elle&Lui, Fleur de sel, autoproduit, 2020
    https://www.facebook.com/elleluimusic
    https://elleetlui.lnk.to/FleurdeselID

    Voir aussi : "Laurie Darmon à nu"

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  • Chanter dans les forêts de Sibérie avec Jean-Baptiste Soulard

    Jean-Baptiste Soulard propose avec Le silence et l'eau un de ces bijoux qui capte l'intérêt dès les premières notes. Sois le dernier, qui ouvre cet opus tout en acoustique et voix, est un hymne au voyage et à la solitude apaisante mais aussi aux récits lointains : "Sois le premier à me raconter ces histoires /Sois la première à m'en parler / Soi-disant qu'il nous console/ Terre d'asile mystérieuse/ Soir-disant ivre d'alcool/ Loin de l'enfer loin de nos doutes." L'ailleurs de Jean-Baptiste Soulard est au cœur de ce magnifique premier album, véritable consolation pour nous, sédentaires : un authentique voyage du départ vers le Grand Baïkal dans sa "station Baïkonour."

    Qu'on se le dise : Sylvain Tesson a son pendant musical : Jean-Baptiste Soulard s’est inspiré de Dans les Forêts de Sibérie pour imaginer un opus folk nomade et aventurier. À l'instar de l'auteur de La Panthère des neiges (éd. Gallimard), il parle de la nature brute, des voyages à la rencontre de soi-même et de la fuite de l'hypermoderne solitude. Mais aussi chantre de la Russie des terres, "refuges de cœur." Pour l'accompagner, Jean-Baptiste Soulard a invité des artistes comme J.-P. Nataf, Luciole, Blick Bassy, Raphaël Personnaz qui a joué dans le film Dans Les Forêts de Sibérie... et Bessa que l'on retrouve sur le premier extrait Grand Baïkal.

    En écho aux mots de Sylvain Tesson

    L’ex fondateur du groupe Palatine fait de son opus le carnet de voyage d’un aventurier et artiste à la recherche d’un silence salvateur et d’une nature fondamentale : "Isba, isba / Cabane d'asile / Isba m'en tombent les bras / Calme-moi d'avril" (Isba).

    Derrière l'âpreté de cet album un magnifique album, faisant écho aux mots de Sylvain Tesson : "Si on me demande pourquoi je me suis enfermé ici je répondrais que j'avais de la lecture en retard..." (Dans Les Forêts de Sibérie). Le Silence et l'Eau de Jean-Baptiste Soulard est à la fois un opus à la facture pop-folk drakienne et un authentique champ expérimental pour "une vie ralentie" (Asile). Autrement dit, une forme d’utopie pour l’abandon de la vie moderne au profit d'une nature brute.

    Comble chevalier est un titre pop plus sophistiqué sur le thème d'un serment à l'exil : la fuite vers le silence et la nature, comme un "emblème" (Cerbère), devient un acte noble et un combat. Le voyage dans les grandes plaines sibériennes ne sont pas pour autant des parties de plaisir : "Brûler brûler au fer rouge / brûler brûler au fer bleu / Il nous faut un seau d'eau pour éteindre l'incendie…" les piqûres d'insectes, la souffrance, les aléa climatiques : la beauté de la nature sait se faire payer chère, mais lorsqu'elle s'offre, elle sait être généreuse et lumineuse (Débâcle) et peut aussi proposer des rencontres humaines incroyables (Leur peau).

    Au fur et à mesure que l'album se déroule, l'album devient souriant et moins grave, comme si l'auditeur se trouvait en terrain familier (Les vents contraires, Respirer) : "Parvenir à respirer sans forcer le combat / Partir / Parvenir à décoller sans écarter les bras / Réussir."

    Fondamental, unique et majestueux.

    Jean-Baptiste Soulard, Le Silence et l'Eau, Horizon / Un Plan Simple / Sony, 2020
    https://www.facebook.com/soulard.jeanbaptiste

    Voir aussi : "Le Grand Paon est un animal de nuit"
    Voir aussi : "Et au milieu coule le Rhin"

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